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Hommage à Jacques Gradt

Les informations de l'Ecole

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11/06/2025

Jacques Gradt fut CPE puis responsable du Foyer entre 1982 et 2005 à l’École alsacienne. 

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la disparition de Jacques Gradt survenu le 16 mai 2025 à l’âge de 90 ans. Pierre de Panafieu lui rend hommage.



Pendant plus de 20 ans, entre 1982 et 2005, Jacques a accompagné, épaulé, écouté, conseillé, encouragé tous les élèves de l’École. Il a été le collègue apprécié de tous les professeurs et membres du personnel qui l’ont connu.

Si son travail à l’École n’était pas son seul emploi – il a longtemps été aumônier des prisons pour la Fédération protestante de France – chacun a pu compter ici sur la plénitude de son attention. Et rarement la phrase de Simone Weil “l’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité” n’a été aussi juste qu’appliquée à la relation que Jacques a entretenue avec tous ceux qu’il a croisé à l’École.

Parce que Jacques était généreux.

Généreux de son savoir, immense, qu’il savait distiller avec grâce pour que personne ne se sente mis à part ou écrasé par son érudition. Son savoir était là pour éclairer, comme le ferait la flamme d’une bougie pour attirer le regard sur un point précis de l’objet à observer, ni pour éblouir ni pour nous distraire. Ses ateliers sur les racines religieuses dans l’art étaient pour lui le moyen de rester à l’École après sa retraite. Pour ses élèves, c’étaient des moments lumineux où à travers l’énigme d’un tableau, l’érudition limpide de Jacques guidait les regards vers le sens profond de l’œuvre.

Généreux dans son engagement pour l’École. Il n’y avait pas de grandes et de petites tâches pour lui, de personnes importantes ou d’autres moins digne d’intérêt. Il était là pour nous tous et s’attachait à tout ce qui nous importait. Il faisait partie de ceux à qui les élèves pouvaient se confier en toute confiance ; avec lui, on pouvait grandir dans l’échange, à hauteur d’homme. Il savait nous élever au sens le plus profond du verbe.

Généreux en amitié et en fidélité. Jusque récemment, il nous accompagnait dans les manifestations de l’École, il retrouvait ses anciennes et anciens camarades, découvrait les nouveaux avec cette attention discrète qui le caractérisait.

Nous avons partagé la plénitude de ton amitié et de sa générosité, ton précieux souvenir nous unit. 

Que la terre te sois légère cher Jacques.

Pierre de Panafieu


Texte Emmanuel GRADT son fils


J’ai les deux pieds dans la terre, mais j’ai la tête qui tourne.

Devant moi, j’imagine un grand désert
Un sol assoiffé qui attend la toute première goutte d’eau du monde.

Un vent léger murmure
Heureux les doux, car ils auront la terre en partage.

Du doigt je dessine la source de ton univers
L’ile Saint Louis
Le 3, Quai de Bourbon
Ton enfance. Ton école.
La paroisse des Billettes.
De l’autre côté du Pont-Marie
Sur le quai bordant la Seine, derrière les bateaux qui charrient le sable,
Voilà ton père qui rentre du travail.

Un grand trait vertical
Et tu retournerais voir l’Algérie, y faire la paix
Traverser le Sahara avec une caravane de bédouins
Jusqu’aux anciennes missions du Togo, et du Bénin.

Partant de l’avenue du Maine,
Un trait horizontal :
Le boulevard Arago,
En trois escales
La faculté de théologie
La prison de la Santé
Et l’hôpital Broca.
Tout au bout, c’est la Suisse, et l’Italie.

Tout autour, dans Paris
Partent en rayons les rues qui ont guidé tes pas
Vers d’autres lieux de travail et de service
La paroisse de la Villette
Le 46 rue de Vaugirard
L’association Aurore
L’Ecole Alsacienne

Une empreinte pour chaque lieu ou objet que tu as photographié en chemin
Les fontaines, bien sûr,
Mais aussi les portes, les heurtoirs, les jardins, les arbres.
Si je plonge ma main dans la terre imprégnée de vie, je sens encore ta poigne.
Ta force, qui a serré nos mains jusqu’au bout.
Si je pétris cette terre
Je sens tes épaules et ton dos
Qui jusqu’au bout ont voulu qu’on les saisisse, qu’on les enlace,
qu’on en délasse la charpente et les muscles.

Que transmet un père à son fils ?

Il m’a suffi de te regarder vivre,
Et de boire le café avec toi.

Heureux les doux
Ceux qui écoutent
Ceux qui guettent en nous les désirs qui nous élèvent
Sans jamais donner de leçons de morale.
Heureux ceux qui vivent avec les doux.

Toi le pasteur qui as enterré tes parents
Tes beaux-parents
Tes trois frères
Toi qui les as, chacun, accompagné d’une prière
À moi aujourd’hui de t’accompagner
À nous tous, en mémoire de toi, de t’accompagner dans la terre
d’où tout vient, et où tout renaît.

Si de mes bras je rassemble
Ce dessin dans la terre et le sable
Si j’EN envoie au vent l’or et la poussière
Scintillent alors l’amour et l’amitié
Partagés avec celles et ceux, nombreux,
dont tu as peuplé, dans la fidélité, ton univers
Celles et ceux qui sont là aujourd’hui
Celles et ceux qui n’ont pas pu être là
Ou qui ne sont plus là.

Et à travers une pluie fertile
Dans l’éclat du soleil
Je verrai transparaître
La silhouette intrépide d’un homme qui marche.

Emmanuel Gradt



https://www.ecole-alsacienne.org/hommage-a-jacques-gradt/?mc_cid=ea10a69ceb&mc_eid=1add0bdb6e

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